La guerre des papilles : Une comédie romantique drôle et gourmande sur fond de pâtisserie (&H) (French Edition) by Lucie Castel

La guerre des papilles : Une comédie romantique drôle et gourmande sur fond de pâtisserie (&H) (French Edition) by Lucie Castel

Auteur:Lucie Castel [Castel, Lucie]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Harlequin
Publié: 2019-03-05T23:00:00+00:00


Chapitre 18

Pâtisserie + chocolat = entremets

Les insomniaques jouent beaucoup de leurs super-pouvoirs. Certes, leur caractère fait les frais d’un manque chronique de sommeil mais, pendant que le commun des mortels est vautré dans son lit, ils utilisent la nuit pour conquérir le monde. Quoi faire d’autre, à 2 heures du matin, en pleine semaine ?

J’aime hanter la chocolaterie quand tout est calme, silencieux et désincarné. Malgré le nettoyage et le rangement impeccables, les murs exhalent encore des effluves de fèves de cacao, d’épices et de quelques résidus de patchouli du parfum d’Ursula. Le ronron discret des frigos berce l’atmosphère et, dans la pénombre, je me laisse aller à une certaine quiétude.

De la lumière dans le bureau ?

J’entrouvre et m’étonne :

— Joshua ? Que faites-vous encore là ?

Le jeune homme enfile une veste et s’apprête à partir.

— Désolé, chef, j’avais des dossiers en retard. Cette année, la période estivale est pire que les précédentes. Enfin, c’est bon pour les affaires.

— Si vous teniez tant à réaliser des tâches répétitives et chiantes, tout en faisant une croix sur votre vie privée, vous auriez dû choisir une carrière de prêtre.

— Je me serais bien moins amusé, je pense.

— Ça dépend de ce que vous pensez des petits garçons.

Il sourit. Cette expression a toujours l’air empruntée chez lui.

— Bonne nuit patron, à demain, conclut-il en quittant les lieux.

J’éteins l’ordinateur, classe quelques papiers comptables, puis referme la porte du bureau. Après avoir erré encore un moment, je me décide à quitter la chocolaterie. Comme dans tout l’Hexagone, nous sommes en période de canicule. En pleine nuit, la température flirte encore avec les vingt-huit degrés. Mais les Corses ont une bonne résistance à la chaleur. Nous savons que nous avons une dette envers le soleil, car c’est lui qui nous a offert notre paradis.

Je possède une maison à Porto-Vecchio, mais je lui préfère mon appartement à Sartène. Cette ville coule dans mes veines, ses nuits me régénèrent autant que ses jours m’épuisent. Comme tous les soirs avant de rejoindre ma tanière, je fais un petit détour dans les rues qui, à cette heure, sont désertes. Le peu de lumière permet d’admirer un échantillon de la voûte céleste à travers les sillons formés par les rangées de toitures des maisons collées les unes aux autres.

Faisant un détour par la place centrale, je prends un dernier bol d’air juste au bord des remparts. Quelques guirlandes lumineuses rescapées des Florales sont restées allumées, et ponctuent les lieux de feux follets vacillants. Un individu recroquevillé sur lui-même laisse trembler sa carcasse sur un des bancs, une bouteille vide à côté de lui. Les touristes ont un sens très décadent de la fête. Celui-là gâche mon instant de poésie. Il ne manquerait plus qu’il fasse un coma éthylique.

J’hésite à m’assurer qu’il ne va pas mourir sur ma place. Il reste planté là, avachi sur sa misère alcoolisée, à écorcher le paysage. Je m’approche et suis soulagé de constater qu’il a l’air encore conscient. La tête entre les mains, en position presque fœtale, voilà qu’il pleure.



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